COMPRENDRE LE FÉTICHISME DES PIEDS

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LE FÉTICHISME DES PIEDS

Pour prendre leur pied, ils adulent ceux de leurs partenaires. Qui sont les fétichistes des pieds, et comment comprendre cette forme d’addiction sexuelle? Explications et témoignages.
FÉTICHISMEMichel a été marié trois fois. Mais ce n’est qu’avec sa troisième -et actuelle- épouse qu’il peut vivre ouvertement sa sexualité: Michel est fétichiste des pieds. « Lorsque je regarde une femme, la chose qui m’attire le plus, ce sont ses pieds. C’est selon moi la partie la plus sensuelle, la plus attirante de leur corps. J’aurais du mal à trouver une femme jolie si elle avait de grosses chevilles. »

Si le fétichisme des pieds n’est pas chose courante, sa pratique a traversé les âges. Les premières traces de cet intérêt remontent à 1000 ans avant Jésus-Christ, en Égypte ou encore à Rome, où les prostituées avaient interdiction de porter des chaussures afin d’attiser le désir des hommes. On trouve cette fascination sexuelle pour les pieds dans la littérature -Octave Mirbeau, le marquis de Sade-, le cinéma -Quentin Tarantino, Pablo Almodovar- ou encore la photographie -Elmer Batters.

Le créateur de souliers Christian Louboutin, s’il réfute être lui-même fétichiste, a fondé son empire sur cette érotisation du pied féminin: « Quand je dessine, j’imagine les femmes nues. Le soulier doit déshabiller et non habiller. Un soulier réussi est un soulier qui laisse la femme nue. D’ailleurs, une femme dénudée avec des souliers n’est jamais ridicule », a-t-il un jour déclaré à Luxe Magazine.

Et pour un vrai fétichiste comme Michel, le créateur de chaussures, c’est l’Eldorado: « Chez lui, je suis connu comme le loup blanc. Je suis incapable d’entrer dans une de leurs boutiques sans repartir avec une paire pour ma femme. Elle en possède plusieurs centaines, que nous répertorions dans un document Excel. Certaines paires ont plus de 13 centimètres de talons. Autant dire qu’elles sont importables en dehors du lit. Mais c’est clairement pour cela qu’elles ont été dessinées! »

« Il ne supporte pas que je montre mes pieds »

Selon la psychothérapeute de couple et sexologue Mireille Dubois-Chevalier, le fétichisme se définit par l’érotisation d’une partie du corps au détriment du sujet -à savoir de la partenaire. « Il y a une dimension de soumission dans cette pratique. Pour voir le pied de l’autre, il faut se mettre au ras du sol. C’est la partie du corps la plus éloignée du sujet, incarnée par le visage. D’une certaine façon, c’est une forme d’évitement. »

Cette fascination sexuelle pour les pieds de femmes, très majoritairement chez les hommes, a intéressé Freud en son temps. Selon le père de la psychanalyse, le fétichiste a une peur profonde de la femme, due à son absence de phallus, ce qui provoque chez lui une angoisse de castration. Ne pouvant l’affronter directement, le fétichiste jouit de la femme de façon indirecte avec un objet de substitution.

Des analyses qui peuvent paraître sévères. Colombe, elle, vit avec un fétichiste du pied et s’en amuse: « Avec mon compagnon, lorsque nous faisons l’amour, mes pieds bénéficient d’une attention toute particulière, alors j’essaye d’en prendre soin. J’applique des masques hydratants sur mes pieds pour avoir la peau douce. Mais cela n’impacte pas l’équilibre de notre vie sexuelle. Au quotidien en revanche, c’est parfois compliqué. Il ne supporte pas que je montre mes pieds. L’été, il déteste que je porte des sandales. Pour lui, les pieds sont des objets intimes, complètement sexuels, et les exhiber relève de la faute de goût. Les tongs, par exemple, sont une aberration esthétique selon lui! »

Sexualité dysfonctionnelle ou simple jeu sexuel?

Si certaines femmes s’accommodent bien de cette « lubie » de leur partenaire, d’autres, au contraire, gardent un souvenir mitigé de leur relation avec un fétichiste. C’est le cas de Céline, qui, après une rupture l’ayant fragilisée, a été déstabilisée par une rencontre faite sur Internet: « J’étais un peu paumée, et il m’a proposé de l’argent en l’échange de… mes pieds. Je ne me suis pas rendue compte tout de suite que c’était un forme de prostitution. J’ai accepté car l’expérience était nouvelle », raconte-t-elle.

« J’ai mis mes plus beaux escarpins et je me suis rendue chez lui. C’était un bel homme, la quarantaine, bien élevé et avec une bonne situation, vu le standing de son appartement. Nous avons bu du thé puis il s’est mis à examiner mes pieds, à les caresser et à les embrasser. J’étais extrêmement gênée. Il m’a fait boire du vin ‘pour me détendre’, et il m’a demandé de l’attacher à un radiateur et de lui marcher dessus, pendant qu’il suçotait mes pieds. Tout cela a duré une bonne heure. Nous en sommes restés là. Je suis partie et je n’ai plus jamais répondu à ses appels. La pratique en elle-même, le fait d’avoir été payée… Tout ça était bien trop bizarre pour moi. »

Martin, lui, est « collectionneur de pieds ». Pour obtenir son témoignage, il a d’ailleurs fallu négocier: « Je ne répondrai que si vous m’envoyez une photo de vos pieds. » Le ton était donné. La photo envoyée, Martin commence son récit: « Pour moi, le fétichisme des pieds est un loisir. Un passe-temps, bien rangé dans mon jardin secret. J’ai un dossier sur mon ordinateur rempli de photos de pieds. Une bonne trentaine d’amies y participent, certaines en m’envoyant des photos, d’autres en entrant dans mes jeux. Parfois, je me caresse simplement en regardant leurs pieds. J’ai ainsi le sentiment des les posséder. Mais cela peut aller plus loin. Je peux prendre du plaisir avec des inconnues, juste en regardant leurs pieds dans la rue. Je suis marié, j’ai une vie de famille, mais ma femme ne sait rien de mes ‘extras’ avec les pieds d’autres femmes. Ce n’est pas la tromper, puisqu’elle n’est pas au courant! »

Pour Pascal de Sutter, professeur de psychologie, clinicien et chercheur, coauteur de L’addiction sexuelle, Idées reçues sur une souffrance méconnue (éditions Le Cavalier Bleu, 2013), le cas de Martin est à la limite de ce qu’il nomme une « sexualité dysfonctionnelle ». « Dans le développement psychique de ces fétichistes, le pied est l’objet d’une empreinte émotionnelle forte, qui remonte à l’enfance. En ‘collectionnant les pieds’, le sujet cherche à reproduire cet émoi sexuel ressenti petit enfant. On entre dans la pathologie lorsque la personne ne peut prendre de plaisir que grâce aux pieds de sa partenaire. Mais s’il est pratiqué entre deux adultes consentants, et que le fétichiste peut aussi jouir sans passer par ce biais, alors il ne s’agit que d’un jeu sexuel comme un autre. »

Lorsqu’on lui demande ce que lui inspire notre photo de pied, Martin répond, laconique: « Vous n’imaginez pas? Venez me rencontrer, et je vous montrerai… »

 

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3 réflexions au sujet de “COMPRENDRE LE FÉTICHISME DES PIEDS”

  1. Merci beaucoup pour votre commentaire très interessant et très bien écrit. Cet article est en effet paru dans l’express. Je pense qu’il a été écrit pour plaire à un grand nombre de lecteurs. Cet article a au moins le mérite de vous faire réagir. Si vous voulez développer votre point de vue sur le fétichisme des pieds sous la forme d’un texte un peu plus long, je serais ravie de le publier sur DominaMag.

  2. Article que je trouve très mauvais, (je sais pertinemment qu’il n’est pas de vous Madame) visant plus à nous faire passer pour des détraqués qu’à expliquer réellement au lectorat ce qu’est le fétichisme. Tout d’abord Pablo Almodòvar n’existe pas… ou alors c’est sans doute un mexicain en surpoids qui kidnappe des étudiantes et sûrement pas un réalisateur. Paaaar cooontre Pedro Almodovar lui, existe.

    Ensuite l’explication psychologique est selon moi infondée. Pour le fétichisme du pied il s’agit d’une raison physiologique. En effet, dans notre cerveau les parties qui s’occupent des pieds et des organes génitaux sont extrêmement proches, voire collées. C’est la raison pour laquelle le pied est une zone plébiscitée chez les fétichistes. Il n’y a aucun rapport avec la mère, ou une quelconque forme de représentation phallique chez la femme ni même une quelconque homosexualité refoulée. C’est juste que les signaux cérébraux de ces deux zones peuvent se confondre et c’est pourquoi on associe le pied de la femme à une forme de jouissance sexuelle.

  3. J’ai l’impression que cet article de lexpress fait passer les fétichistes pour des sacrés malades ! Le témoignage de cette fille qui se laisse payer pour rencontrer un fétichiste n’avait pas compris qu’il s’agissait de prostitution ?? Ah non, « c’était nouveau pour moi ». C’est inventé, on ne peut pas être aussi con quand même ! Vive le fétichisme du pieds !!!

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