VII. SON EXCELLENCE NOUR, DRESSAGE SM

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II. Salammbô et Myriam

DRESSAGE SM

Edgar m’en a sorti une bien bonne, ce matin au réveil. J’aime quand il se renouvelle car même la vie de domina peut devenir ennuyeuse… c’est d’ailleurs dans ces moments-là qu’il marque des points. Les yeux à peine ouverts, comme d’habitude, au bord du lit, je me suis soulagée dans sa bouche, sans trop y prêter attention…
« Tu ne m’aimes plus, Salammbô ! »
Il m’a sorti ça d’un ton vraiment triste, déçu et résigné. Je me suis demandé s’il le pensait vraiment, moi qui au contraire commence à m’y attacher tellement… (trop, me disent mes amies).
« – Pourquoi dites-vous cela, Edgar ? C’est faux, voyons.
– Mais tu n’as pissé qu’un demi-verre ! Tu ne m’aime plus, voilà tout !
– AHAHA sacré Edgar ! Venez, je vais vous donner un peu d’amour… mais je vous préviens, c’est du strong !
– Oh merci maîtresse, c’est cool »
Je tapote le matelas, il s’allonge docilement près de moi et ouvre la bouche, je laisse descendre dedans un gros globule de salive (bêêêrrk, celle du matin…). Il la savoure et l’avale avec délice. Sa queue se tend, je l’attrappe et la tords de toutes mes forces. « Salammbô t’a dit de bander, petit esclave ? Régale-toi de mes crachats et arrête ça. » Au troisième, il bouge sa tête comme pour l’éviter. Ma salive tombe sur sa joue. SLAP ! Une claque cingle, par réflexe. Ça m’a irritée qu’il refuse mon nectar. Les ongles de ma main gauche se plantent dans la bite dure sur laquelle je suis assise et ma main droite continue à le gifler. Edgar se protège avec ses bras… j’ai horreur de ça, ça m’énnnnnervvvve ! « MAIS TU VAS RETIRER TES BRAS, OUI ? TU VEUX M’EMPÊCHER DE FRAPPER, SALETÉ ? » piteux, il lève les bras et le concert de claques reprend, rythmé d’insultes, ce petit merdouillon prétentieux qui prétend me résister, cette salope m’a courroucé, ses joues rougissent, m’en fous, je le cingle encore, il gémit, je… j’aime… j’adore… aaahr, je m’aimmmme !… cette correction, le bruit sec des gifles, les cris plaintifs d’Edgar et la colère suraigüe de ma propre voix m’excitent ! Ma chatte et mon cul sont inondés ! Ça me brûle, en même temps qu’une envie d’écraser ce porc s’empare de moi, ma chatte réclame un cunni, vite, il faut, je… je vais le violer, ce chien ! Une dernière gifle l’assomme à moitié, en vitesse j’enjambe sa figure écarlate et m’assieds. Ooooh, le contact de ses joues bouillantes entre mes cuisses, je suis au bord… il reprend connaissance et me lèche en gémissant, oh, ôh, aâah je viens… j’agrippe une touffe de cheveux pour le rodéo final car mes hanches repartent dans leur frénésie compulsive… aaaâah… ça y’est, je jouiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiis !…

Edgar est silencieux, comme honteux. Je me retourne, il y a une mare de sperme sur son ventre. Aaaah, d’accord, ce n’était pas moi qui mouillais autant, Monsieur avait éjaculé sous l’effet des gifles !
J’avoue que de mon côté, il m’a suffit de quelques secondes pour jouir, ivre que j’étais de punir l’outrecuidant.
Calmée, devant mon thé, une mangue préparée à la créole, mes pieds délicieusement massés aux huiles essentielles par mon soumis sous la table, je rapproche cette péripétie du « gué sentimental » que nous traversons… la douleur est peut-être une solution, il faut bosser l’affaire !
Mais je n’y connais rien en SM… Et… et si je demandais à Myriam ?
Cette Guadeloupéenne, chef de classe en quatrième au CES du Bellay, m’avait fait un jour une confidence incroyable : elle martyrisait les copains après les cours, elle les emmenait au terrain aussi vague que ses promesses et les attachait « pour jouer ». Ensuite, elle les giflait, les fouettait… ça m’avait excitée un peu et elle en avait profité pour m’embrasser sur la bouche : mon premier baiser fut lesbien. Par la suite, j’ai désiré d’autres baisers, j’ai même rêvé de ses lèvres de soie. Myriam ne me les donnait jamais pour rien. Au début, je devais porter son cartable jusqu’au coin de la rue… puis jusqu’au collège, où elle toisait son monde, exhibant sa servante chargée, marchant deux pas derrière elle. Tous les élèves nous voyaient entrer aux toilettes… Là, elle me faisait agenouiller sur le couvercle de la cuvette et prier pour recevoir sa langue dans ma bouche. Assez vite je lui donnai tout mon argent de poche et j’obtins le droit de lécher son sexe, joyau musqué de cuir noir doublé de rose. La vicieuse ne se gênait pas pour crier de plaisir, de sorte que tous savaient ce qu’elle me faisait faire.  Le mardi soir, où j’étais toujours seule chez moi vu que ma mère travaillait de nuit, elle venait parfois avec un élève du lycée, plus âgé, qu’elle tenait en laisse. Au début j’en avais une peur bleue, mais il était tellement inoffensif… Nous montions au grenier l’attacher à une poutre et elle le fouettait avec une branche de noisetier… le mec se tordait de douleur, ça me dégoûtait, mais quand elle le détachait, il tombait à genoux et s’enfouissait entre les cuisses d’ébène de Myriam en l’implorant. Elle« acceptait de se faire lécher » en me serrant contre elle, je sentais la tête appliquée du garçon bouger pendant qu’elle m’embrassait en me chuchotant d’adorables petits mots doux…
Il y a deux ans, je l’ai revue dans un club privé. Seigneur, quelle bombe, ses quarante et quelques(40something comme dit le web) insoupçonnables dans son regard de petite fille sage pas sage…
Oui, elle, elle s’y connaît.
Je l’appelle.
« – Allo Myriam ? C’est Salammbô, tu sais, ta coquine du collège !
– Non ? Formidable, que deviens-tu ? Dominatrice, si je me souviens bien de ta visite au club ?
– Oui, j’avais sauté la barrière, grâce à toi ! J’ai eu quelques soumis, toujours de petites histoires d’amour, mais là, je crois que je tiens le bon. Mon problème, c’est celui de nos sentiments, l’érosion… D’un côté les désirs rauques, les envies multiples, l’ivresse partagée me remplissent. De l’autre, je suis totalement à plat… Lui, il joue de tous les registres pour me ranimer, humour, attentions nouvelles, il a même tenté le switch, ce qui a marché un temps car j’ai retrouvé de vraies raisons de le punir… mais je ne sais pas faire !
– AHAHAHAHAHAAAA, et tu as pensé à moi ! Quelle bonne idée.
– Vraiment ? Tu peux m’aider ? Comment ?
– Je te propose une séance de « débourrage » oui, comme pour les chevaux. J’en ai fait une jeudi dernier dans un club près de Lyon, sur commande d’une Maîtresse : j’ai adoré le soumis, résistant et silencieux comme je les aime… quel pied de travailler les fouets et la cire dans ces conditions. J’ai encore amélioré mes techniques, mais j’utilise de plus en plus le bâillon car les cris de douleur trop forts me déconcentrent (du même coup, je choisis le moment où ils peuvent me dire le mot de sécurité, car je me contrefous de leurs limites !).
– Tu n’as pas changé, toi… je me demande jusqu’où tu vas repousser les tiennes, de limites.
– Oh, ne t’inquiète pas, je bosse les aiguilles en ce moment, et j’avoue cette approche « soft » du sang m’excite pas mal, mais j’apprends aussi le Shibari, pour me calmer.
– Écoute, si tu peux venir mardi 17 au soir, ce serait parfait. Je te préviens, je n’ai qu’une table basse avec des anneaux en bas des quatre pieds, et quelques autres points d’attache par-ci par-là.
– Qu’importe le flacon pourvu qu’on ait l’ivresse ! Alors à dans quinze jours ma chérie, je suis ravie, merci de ton appel. »
Seigneur, dans quelle galère je nous embarque !

Mardi. Black tuesday. Edgar est au courant. Silencieux. Soit il est tranquille, ce qui m’excite déjà un peu, soit il est paniqué, ce qui m’excite déjà beaucoup !
Myriam sonne, j’envoie Edgar ouvrir, à quatre pattes et vêtu de son seul collier…
« – Ma chériiiiiie ! » Sans même le regarder, elle l’écarte d’une distraite poussée du genou et me tombe dans les bras. Sa jolie bouche noire et pulpeuse prend la mienne, avec cette autorité que j’ai bien connue… je la serre contre moi, une boule de passion remonte dans ma gorge, je suis au bord des larmes. Elle se détache et me regarde.
– Comme tu es belle, tu n’as pas pris une ride… moi, c’est des abdos que j’ai forci, ne me prends pas par la taille, ça me fout des complexes, j’ai horreur de ça ! Écoute, je n’ai pas beaucoup de temps, on me livre un maso testé et approuvé vers minuit dans le coffre de ma voiture, place du Général Bol. J’ai une envie de momification, si ça te tente… ça me démange déjà ! Alors, où est ce soumis à dresser ?
– Là, c’est lui qui t’a ouvert.
– Cette lope ? Tu vis avec ça ?… Ah oui, c’est vrai, tu es restée la grande sentimentale qui sacrifiait son fric pour me lécher aux chiottes du bahut ahaha. (à voix basse : ne te fâche pas, je le mets en condition, il faut qu’il me déteste… embrasse-moi, chérie, c’est trop bon de te revoir, si tu savais comme je t’envie ta sensualité, c’est une qualité que j’ai perdue très jeune). AUX PIEDS, TOI !
– Il s’appelle Edgar
– Ce sera « connard » et c’est déjà un honneur. Allonge toi sur la table… non, sur le ventre ! Tu veux faire la sieste ? Laisse pendre tes bras jusqu’au sol. »
Edgar s’exécute, il est concentré, imperturbable… sa joue repose sur la table, Myriam lui fait face, je m’installe dans un fauteuil pour assister à la séance. Rapide, en quelques seconde mon chéri est immobilisé et la belle ouvre sa malette en aluminium, dont elle sort une badine. Posant son pied sur l’autre joue d’Edgar, elle le plaque sur la table et lui dicte ses lois.
« Je suis l’autorité absolue, ici, connard. Même ta Maîtresse est ma chienne. NE LA REGARDE PAS, tu dois en permanence lever les yeux vers moi, et marquer ton adoration. Allez, relève ta tête, connard, et admire ta Reine que jamais tu ne toucheras. C’est cette badine qui va être ta dompteuse, elle, tu vas la lécher pour lui témoigner ton respect. »
Edgar lèche la fine tige de bois, la tête relevée pour fixer ses yeux dans ceux de Myriam. Je commence à regretter avant même que l’action ne commence? Myriam est devenue vraiment extrême… j’hésite… tout arrêter ? Même pas sûre qu’Edgar apprécierait, il fait ça pour moi, c’est entendu entre nous…
Mais au fait, horreur, il manque un détail fondamental !
« – Myriam, le mot de sécurité… » Elle me foudroie du regard. Flûte, j’avais promis de ne pas intervenir.
« – J’y viens, ma poule. Soumis, lorsque tu jugeras la douleur insupportable, tu pourras la faire cesser en prononçant le mot « Madagascar ». À présent, tu la fermes (je sens que cet ordre s’adresse aussi à moi… mais aurait-elle mentionné le « safe word » sans mon intervention ?) ou si tu es trop bruyant, je te mets ce bâillon.
(Piquant une colère, elle fouette le canapé) TU ME REGARDES quand je te parle ! Et aussi quand je te frappe ! CCOMPRIS ? »
Myriam fait trois pas vers le côté droit de la table, puis brandit la badine au dessus de sa tête. Concentrée, elle attend quelques secondes puis la fait siffler, elle s’abat sur le dos d’Edgar avec un claquement sinistre. La marque apparaît lentement à la limite des fesses, perpendiculaire à la colonne, d’abord toute blanche et gonflée, puis rose, puis rouge… elle deviendra violette, comme les 44 autres (je les ai comptées… plus tard).
Pour l’instant, Edgar s’est tendu, ses muscles saillent (pas mal, d’ailleurs, son dos… assez carré, muscles noueux). Il me semble que Myriam est surprise… déçue ou ravie, difficile à dire. Son deuxième coup, très précisément parallèle, est deux fois plus fort, il me semble qu’elle y met toute son énergie. WWHOOSHH-KRAKKK ! Edgar s’arc-boute, souffle un peu, puis toise son bourreau. Là, Myriam est franchement stupéfaite, et c’est très clair : elle est EN-CHAN-TÉE ! Un sourire se dessine sur sa bouche, il ne s’adresse de toute évidence qu’à elle et elle seule, et semble signifier « voilà qui promet ». Elle va enchaîner une trentaine de coups bien parallèles, avec une force et une précision diaboliques, remontant jusqu’à la limite du cou, puis revenant combler les « espaces » sans marques. Je pèse trois tonnes, mon corps s’enfonce dans le fauteuil… parfois, après avoir donné quatre ou cinq coups d’affilée à toute vitesse, elle tourne autour de la table, à pas lents, claquant des talons puis, quand Edgar ne peut la voir, fait juste siffler la baguette dans le vide… le corps d’Edgar se cambre, presque comme s’il recevait le coup… et le mien s’enfonce encore, avec bizarrement une chaleur qui naît dans mon abdomen…
Myriam sort de son auto-hypnose et marque un temps d’arrêt. Elle me regarde avec des yeux absents, ordonne à Edgar de se détourner et vient m’embrasser. Sa langue tourne avec puissance, mécaniquement dans ma bouche, c’est du viol… quand elle se relève, je vois ses yeux se révulser, rester blancs pendant un court instant… non, ce n’est pas elle, c’est effrayant ! Cette évidence me tombe dessus et enflamme mon ventre d’un seul coup. Moi aussi, je suis un monstre… et c’est bbboonnnn ! Ma main descend calmer ce feu pendant que Myriam s’installe face à son… travail. Elle va tracer longitudinalement, appliquant froidement une esthétique douteuse pour obtenir une grille… (de maux croisés ?)
Au premier coup dans l’axe, Edgar souffle, estomaqué. Sa douleur est évidente, bien plus forte. Au deuxième, son souffle se mêle d’une plainte… je dois l’avouer malgré moi, je mouille comme jamais auparavant… au quatrième, il explose, pousse un cri déchirant ! Myriam en tremble, son sourire devient rictus sadique… et moi, trempée, je suis au bord des larmes et de l’orgasme, d’irrépressibles sanglots gémissants m’échappent !
Septième coup (septième ciel ?) Un hurlement atroce… immédiatement suivi d’une voix qui abandonne : « MA… Mad… Mada…
– Tu dois dire le mot entier, sale chien ! Myriam, désappointée, l’invective d’une voix rauque
– …Mada… Ma Dame Salammbô… vous jouissez… MMmmmmercissshhhhhhhh… »
Il ne pouvait me voir, il a reconnu mes soupirs…. j’ai un premier spasme, Reine Myriam ou pas Reine, je suis chez moi : je ne peux pas jouir comme ça, je me lève, la repousse et viens m’asseoir cuisses écartées sur la table basse, face à mon soumis, glissant ma chatte en feu sous sa bouche brûlante…
Avec une moue amusée, Myriam fait le tour et se concentre, du côté des pieds qu’elle observe songeuse, puis recommence à le fouetter, méthodiquement. Edgar crie dans mon sexe, j’en deviens folle, sa douleur me fait jouir, comme l’autre matin… me reins s’emballent, comme toujours, et je m’immobilise toute raide, en gémissant. J’ai un orgasme d’une puissance rare, et les derniers coups, les derniers cris d’Edgar se mêlent à mes râles de jouissance… satisfait, Edgar lance un « Madagascar »parfaitement articulé… laissant Myriam tremblante d’excitation sadique et de frustration… « Tu permets, Salammbô ? au point où il en est… »
Elle aligne encore deux coups de toutes ses forces sur les plantes des pieds d’Edgar ! Il ouvre la bouche, stupéfait et comme asphyxié par la douleur inattendue… quand je demande pourquoi à Myriam, elle me chuchote à l’oreille « Tu vas voir, quand il va se remettre debout, il va boiter, c’est super-excitant ! »
Bon sang, mais jusqu’où serait-elle allée ?  Plus tard, pendant que mon chouri se soigne et prépare le thé des Dames (il ne faut pas que ses jeux nuisent à ses devoirs), elle me montrera son press-book  de dressage SM, photos de ses travaux et d’autres. Une certaine Lady Elizabeth fait son admiration… Brute sans limite, ça me donne le frisson : faut-il continuer quand on en arrive là ? Elle en semble convaincue, son argument (qui se tient) étant que le maso « ne lui est rien » et qu’il est demandeur. Elle me dit aussi qu’elle avait adoré la résistance d’Edgar, mais qu’elle aurait juste voulu finir le travail, il manquait « à peine une douzaine de coups »…
Edgar revient, sert le thé à genoux et je scrute son dos. Je compte 28 coups en travers, 16 en long, soit 44. Quel dommage, en effet.

Edgar me demande la plume pour écrire la suite.
…/…
Oui, je pense que l’évènement qui vient peut être raconté par un mâle… merci Salammbô.

Le dos quadrillé, épuisé et assoiffé, je me douche et bois un litre d’eau pendant qu’un autre bout (de quoi ? un autre litre).
Je reprends mes esprits et sers le thé à ces Dames. Salammbô est sereine, belle comme toujours après le plaisir, Myriam est un peu désorientée par cette séance… pendant les dix minutes qui l’ont suivie, elle n’a cessé d’embrasser son amie, de rechercher sa tendresse. J’adore cette femme, elle est« cash »… Là, elle est même enfantine.
Dans la discussion, elle semble faire grand cas de l’attitude de Salammbô, qu’elle admire. Ça la fait vaciller sur son sadisme, les « clichés » (aux deux sens du terme) dont elle se défend, comme elle dit se démarquer des « diktats » de la D/s, alors qu’en fait elle les applique à la lettre et même se réfugie derrière, au final. Elle vit non pas une schizophrénie, mais une dichotomie entre une vie vanille assez banale (pléonasme) et une pratique SM très secrète.
Voir un couple D/s qui s’aime, ça lui fait perdre ses repères.
D’ailleurs, j’ai bien vu que l’orgasme de Salammbô l’a impressionnée, elle n’est plus dans le sexuel et ne connaît que trois catégories de mâles : les masos dont le cerveau ne sert qu’à demander et accepter la douleur, les soumis cérébraux, moins amusants mais qui servent à son confort, et les Bulls pour le sexe, dont elle ne semble connaître que la pénétration. J’ai envie de tenter quelque chose pour elle…

Comme elle a fini par se détendre un peu, je lui propose un massage des pieds. Pas question « Je n’aime pas mes pieds, connard, ce ne serait pas toi, par hasard, qui voudrais te faire plaisir ? ». Salammbô la calme, en l’embrassant, sa main caresse son corps rond, ses seins ronds, son petit ventre assorti, et plonge entre ses cuisses… « Veux-tu que mon chien te lèche ? Il se débrouille bien, tu sais. » La moue de dégoût de Myriam est forcée, je le sens, elle s’indigne
« – Non mais et puis quoi, encore ?
– C’était juste une suggestion, ma belle… c’est vrai que tu es belle, tes rondeurs te vont à merveille, vous les blacks…
– Oh, ça va ! Arrête avec les clichés sur les blacks ! D’abord, dans ma famille on m’appelle « la blanche » parce que je suis de loin la moins noire, et pour mes bourrelets… j’ai mon âge hélas, et c’est gentil mais je ne les aime pas.
– Mais tu séduis, tu as des amants ?
– Oh, ça… tant que je veux. J’ai un carnet d’adresse bien rempli pour ça.
– À ce point ?
– Bien sûr, quand j’ai une envie, j’appelle un de mes Bulls, ou sex-friends car tous ne sont pas soumis et je me fais une petite session d’un quart d’heure…
Nous nous regardons, Maîtresse et moi, éberlués…
– Mais là, par exemple, tu n’as pas été sexuellement excitée ? C’était tellement fort !
– Bof… oui, un peu… j’ai surtout perfectionné mon smash, ahaha !
(je me mèle à la conversation) – Et vous connaissez le Shibari jutsu ?
– Oui, et j’adore, je vais m’y mettre dès que possible. Un ami dom m’a initiée, j’ai fait le modèle, nous avons shooté une dizaine de photos magnifiques !
– Tu sais qu’Edgar a suivi la classe de Maître Shoh-yen, à Nagano ?
– Non ????? Mais c’est un des meilleurs mondiaux !
– Ed, faites-nous une démonstration. Allez chercher une corde… ni blanche ni noire, bien sûr !
Myriam se déride enfin…
– Je vais la chercher. Encore une tasse de thé ? C’est du Gyokuro… le préféré de Maître Shoh-yen pour ses modèles (je l’ai été, les premiers jours).
– Volontiers, il est délicieux. Et maintenant que je sais par qui il est bu au Japon… je vais l’adorer. »
Je m’absente cinq minutes, le temps d’enfiler un kimono d’Haïki-do, auquel je ne connais rien, encore moins qu’au Shibari. De retour avec une longue ceinture de soie et une chasuble en fil de chanvre ramenés par mon grand oncle de la guerre d’indochine, je fais un Kiaï totalement bidon (Salammbô me lance un œil sévère), je me calme, m’agenouille devant Myriam et salue à la japonaise, en silence.
Elle semble me voir enfin, j’existe… vu ce qu’elle vient de me faire subir, c’est un comble !  J’ai même l’impression de lui plaire un peu… si ce que je pense est vrai, rien d’étonnant. Je lui demande d’enfiler la chasuble. Sans la moindre gêne, elle se déshabille complètement, avec l’aide de Salammbô.
J’ai été scout-marin, et les nœuds ont peu de secrets pour moi. Je commence par lui lier les poignets derrière le cou, puis les coudes devant, et fais descendre un brin de chaque coude à la cheville du même côté. Légèrement tendus, je les reprends par derrière sa taille, toujours dans un silence inspiré, et voici le résultat : Myriam ne peut bouger aucun membre, ses cuisses sont entr’ouvertes et ses bras dégagent parfaitement sa poitrine. Séance de photos… j’en fais trop, Maîtresse fronce encore une fois les sourcils, Myriam sent le piège… « Mais qu’est-ce que tu me fais, lààààààà ? Salammbô, dis-lui de me détacher !… TOUT DE SUITE !…  Madagascar !… AU SECOOOOUUUUUURS ! ».Myriam est en fait furieuse de sa naïveté… s’être fait rouler à ce point ! Je plaque ma main sur sa bouche, elle essaie de me mordre, je vois passer une terreur dans ses yeux, avons-nous réveillé un vieux souvenir ? J’ai envie de tout arrêter, il ne s’agirait pas de la traumatiser, une blessure morale se contrôle beaucoup moins bien que la douleur physique. Mais son regard vire au coquin… je continue, c’est fou ce que les yeux peuvent exprimer.
Hilare, Maîtresse lui met le bâillon qui m’était destiné, celui de sa propre valise de matériel SM. Les cris étouffés deviennent grognements.
Délicatement, malgré les ruades furieuses qu’elle essaie de faire, dont l’amplitude n’est que d’une dizaine de centimètres, nous la mettons sur la table, préalablement couverte d’un jeté de canapé moelleux (hou ! favoritisme !)… et je déchire la chasuble. Tout son corps apparaît, sa poitrine fantastique, ses hanches rondes et haut placées… quelle beauté. Je vérifie tout de suite mon pressentiment… Myriam est trempée, son sexe est tout enflé, elle est dans une excitation sexuelle débordante, d’où son besoin de tendresse, j’en étais sûr. Pas besoin d’autopsie, elle a un cœur. Après s’être tortillée pendant cinq minutes, consciente de l’inutilité de se débattre, ayant constaté que j’ai constaté… Myriam ferme les yeux et j’attaque. Mon arme ? Un élastique. Ses cuisses ne sont pas maintenues assez écartées… un manche à balai, deux  nœuds de cabestan et l’affaire est réglée. Après CLIC-CLAC photo, je fais claquer l’élastique sur son entrecuisse, tout près de sa vulve, alternant gauche et droite, « CLAC » elle sursaute, « CLAC » elle tressaute, « CLAC » elle tressaille, au bout de trois ou quatre de ces « tortures », Salammbô qui ne tient plus se penche entre les belles cuisses brunes et se lance dans un cunnilingus royal de luxe… pendant que, ravi, je lui masse les seins avec une des crèmes de Maîtresse, infiniment doucement, attentif à chaque réaction selon la zone massée… et je finis par découvrir la caresse qui semble l’émouvoir : la main en dessous du sein, mettant celui-ci en vibration par de légères pressions vers le haut, rythmées par la masse du nichon en chocolat, ma langue en pointe dure agitant le téton également de bas en haut… j’alterne sein gauche, sein droit… et je m’aperçois que Myriam me fait signe de la tête au moment où elle souhaite que je change. Elle se lâche. Je lui enlève le bâillon… elle m’appelle des yeux et me chuchote« Embrasse-moi… et prends sa place, j’ai du thé pour toi, beau martyr, tu étais beau dans la douleur »
Je ne me fais pas prier, ses lèvres sont de soie, sa bouche chaude au goût Gyokuro m’enchante, je m’en repais, le temps suspend son vol et Myriam apprécie, j’y prends tant de plaisir que je n’ai pas vu Maîtresse… Elle s’est relevée et m’observe, d’un air faussement jaloux et vraiment attendri. Elle a entendu, prend ma place et me laisse la sienne.
Laissant les amoureuses de jadis retrouver leurs sensations, je m’agenouille pour contempler, humer l’orchidée noire, fleur hypnotique, et me lance avec un peu de trac dans un ano-cunnilingus de concours…
Avec ma main libre, l’autre étant à une noble tâche, je tâche de détacher les attaches des nœuds, tous terminés par des « mules » (nœuds qu’on défait en tirant juste sur un boute, les japonais n’ont rien inventé). Libérée, Myriam s’abandonne et jouit dans un véritable chant d’oiseau, adorable et incontrôlé, comme une petite fille qui découvrirait la sensualité… Seigneur, j’aimerais tant refaire ça, voir ce ballet lascif chorégraphié sur ce concerto pour orgasme et rossignol !*
Je n’attends pas mon thé bien longtemps : elle m’entoure de ses cuisses tendres et chaudes, puis laisse le filet filer dans ma bouche, où je retrouve, bien qu’acide et salé, mon Gyokuro, complice de ce viol odieux à la japonaise…

Les routes de Salammbô et de Myriam, deux femmes admirables, se sépareront là, si comme je le crains, la belle antillaise continue sa route vers l’enfer sans écouter vraiment son cœur… qui existe, là-dessous, c’est établi. Dommage, nous avons tous les éléments, même les extrêmes, pour créer notre propre D/s, flamboyante, où la paix et l’amour ont leur place. Je lui souhaite de trouver une belle histoire dans cet enfer, j’en doute, mais l’espoir est une facette lumineuse du doute, n’oublions pas que c’est sur le fumier que l’orchidée pousse le mieux.

* Chez les femmes, je compare l’orgasme aux grandes orgues (de la cathédrale de Narbonne, par exemple) d’où ce majestueux nom « d’orgasme »… Dirais-je « pipasme » pour celui des mâles, qui fait plutôt penser à un pipeau, en comparaison ? 

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LUCRÈCE, BEAUTE DOMINA SLAVE DE SLAVE-SELECTION.FR…

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