A quatre pattes devant ma Maîtresse dominatrice !
80cm environ, c’est la hauteur depuis laquelle j’ai toujours vu son appartement. La nuit, il m’arrive parfois de continuer de le voir en rêve. C’était comme si la prison avait aussi construit ses barreaux dans mon subconscient. L’appartement m’apparaît alors très grand, comme dans des souvenirs d’enfance. Ma Maîtresse dominatrice ne m’a jamais autorisé à le parcourir autrement qu’à quatre pattes. Hormis les fois où elle me fit mettre à genoux, je ne l’ai jamais vu plus haut que depuis ces quatre-vingt centimètres qui séparaient mes yeux du parquet.
Les jambes de ma Maîtresse dominatrice m’ont elles aussi semblé toujours tellement hautes, à moi qui mesurais normalement un mètre quatre-vingt sept et qui ai toujours eu la possibilité de surplomber le monde. Le jour où elle me passa le collier pour la première fois, je me rappelle que je tremblais de tout mon être. Peut-être par instinct, elle me passa, alors, une cagoule sur la tête. Je me souviendrai toujours de l’odeur du cuir qui s’engouffra intensément dans mes narines à ce moment précis. Je n’ai encore jamais pu déterminer s’il s’agissait d’un acte pervers ou de bienveillance de sa part. Ainsi plongé dans le noir, je n’eus en tout cas plus peur de la voir d’en-dessous et mes tremblements cessèrent.
La cagoule
Ce jour, elle me fit don d’un nouveau visage. Parce qu’elle était serrée et que je transpirais beaucoup sous l’effet de la chaleur et de l’humidité de ma respiration conjuguée, la cagoule me moulait tout entier, comme une nouvelle peau. Ma Maîtresse dominatrice en contrôlait les ouvertures à l’aide de tirettes situées au niveau de chacun de mes yeux et de ma bouche. Par une chaine reliée à mon collier, elle me tira fortement à travers son appartement, m’arrêta, ouvrit les tirettes de mes yeux et me fit me regarder dans un miroir :
-à partir de maintenant, voilà quel sera ton nouveau visage, je serai seule autorisée à toucher cette cagoule que tu devras dorénavant considérée comme faisant partie de moi.
Ces mots dits, ce fut le moment qu’elle choisit pour me passer les chaînes aux pieds et aux mains. Elles furent reliées entre elles de telle sorte que je ne pouvais plus me maintenir qu’à quatre pattes. Il m’était difficile de lever les mains sans avoir à bouger les pieds vers l’avant. Mon nouveau visage devenait inaccessible au toucher de mes mains. Elle disait donc vrai. A partir de ce moment, elle seule pourrait décider quand je verrais la lumière du jour, quand je pourrais boire, manger, et même m’exprimer.
Enchainé par ma Maîtresse dominatrice
Je dévisageai mon nouveau visage dans le miroir, un tissu de cuir noir inexpressif, une tirette fermée en guise de bouche, les pupilles de mes yeux à peine visibles dans l’interstice des deux tirettes ouvertes. Je pourrais rire, pleurer, crier, chanter, plus personne ne serait en mesure de me voir ou de m’entendre. Ainsi, je serais maintenant réduit à un visage impassible et silencieux, une personnalité enfouie, disparue.
Alors, dans une sorte de sursaut, comme pour me rattacher peut-être à quelque chose de libre, j’éprouvai soudain le désir impulsif de me toucher le sexe. Dans le miroir, je vis ma Maîtresse s’éloigner derrière et revenir quelques secondes plus tard. Elle écarta mes mains, posa quelque chose sur mon sexe et se redressa. Je vis une petite clé briller autour de son coup, qu’elle se passa en guise de pendentif. Sous mes doigts, je sentis mon sexe cerclé de barreaux.
Au moment où j’aperçus encore ma Maîtresse dominatrice, elle était penchée derrière moi. Je sentis quelque chose de frais et de légèrement mouillé glisser sur mes fesses puis une douleur vive, comme une piqûre entre mes fesses, suivie d’un fugace instant de plaisir qui me donna envie de bander sans que je ne puisse y parvenir. Soudain, j’entendis la chaîne de mon coup glisser sur le parquet. Ensuite, je vis ma Maîtresse l’enrouler et la cadenasser sur le gros tuyau du radiateur.
Dans l’attente de ma Maîtresse dominatrice
Nos regards se croisèrent, elle s’approcha un sourire aux lèvres. Je sentis ses doigts frôler mes paupières et je vis les tirettes de mes yeux se refermer sur le monde. Ensuite, je l’entendis s’assoir quelques secondes sur le canapé puis un bruit de chaussures à talons approcha :
-je sors voir une amie. Je rentrerai ce soir, tâche de ne pas trop bouger pendant mon absence. Le bruit des chaînes pourrait déranger les voisins. Si tu ne m’entends pas rentrer ce soir, ne t’inquiète pas, nous nous reverrons sûrement demain matin : me dit-elle furtivement.
J’eus envie de la supplier de ne pas partir ou de ne pas me laisser comme ça au moins mais je ne pus ouvrir la bouche, entravée par la tirette fermée. J’eus beau tirer un peu sur mes chaînes, elle ne sembla pas s’en soucier. Bien qu’exaspéré par la situation, je dois admettre que cela m’excita curieusement. J’entendis le bruit des talons s’éloigner et la porte d’entrée de l’appartement s’ouvrir et se refermer derrière elle, accompagnée d’un bruit de serrure puis d’un lourd silence.
Exquis moment de lecture… moment d’imagination de la perte total du contrôle de soit
Manifique