De prime abord, Carlotta et Boglacier forment un duo sans histoire. Or, se laisser bercer par la rengaine du métro, boulot, dodo, ce n’est pas pour eux. Ils carburent plutôt aux sensations fortes. Pour ce faire, le tandem n’a qu’à descendre au donjon. La dominatrice et son esclave disposent alors d’un imposant arsenal pour assouvir leurs moindres fantasmes. Question de déboulonner les mythes, les partenaires ont accepté de lever le voile sur leur mode de vie alternatif.
Comme bien des fervents de BDSM (bondage, discipline, domination, soumission, sadisme et masochisme), Carlotta et Boglacier évoluent souvent dans cet univers en groupe. D’ailleurs, des dizaines d’adeptes convergeront vers la région au cours des prochains jours pour prendre part à une soirée thématique dans la coquette demeure du couple. Mais ça n’a pas toujours été ainsi.
«Quand on a commencé à se fréquenter, il y a une dizaine d’années, on était ce qu’on appelle dans le jargon des « vanilles » [ndlr<saxo:ch value= »226 128 137″/>: gens ayant une sexualité conventionnelle]. On a commencé avec un jeu érotique pour pousser la fantaisie plus loin. J’ai pigé une carte où je devais attacher mon conjoint. J’ai réalisé que j’aime dominer et lui, la restriction, la soumission. On a eu un plaisir fou», se remémore Carlotta.
Le sexe BDSM a été une véritable révélation pour les partenaires, si bien que le visionnement de films, puis l’achat d’un premier fouet dans une boutique spécialisée ont fait partie de leurs balbutiements dans cette sphère énigmatique.
Règles
Bien que le BDSM ne se limite pas au sadomasochisme (plaisir par la douleur), il s’agit d’une pratique répandue. Carlotta et Boglacier en sont adeptes.
Mais diable, pourquoi vouloir subir des sévices corporels? «Avec la douleur, l’endorphine et l’adrénaline embarquent. C’est comme une drogue. Un peu comme si tu flottes dans l’espace, illustre Boglacier. Quand tu ajoutes à ça le fait d’être attaché, ça décuple le plaisir. Tu te sens impuissant. Tu n’as pas le choix de t’abandonner complètement. Le hamster arrête de tourner. C’est le lien de confiance avec l’autre qui fait foi de tout.»
«Il ne faut jamais perdre de vue que c’est un jeu et que nous avons chacun notre propre personnage. En aucun cas, il n’est question d’une séance de martyre. Le dialogue, c’est la base», insiste sa complice.
Souvent, des mois de pratique sont nécessaires avant de maîtriser certains instruments, notamment les fouets, poursuit Carlotta. «Au-delà des apparences, jouer le rôle de dominatrice, ça demande beaucoup de concentration, explique-t-elle. En donnant des coups, il faut éviter plusieurs zones à risque, comme les reins par exemple. Et pas question de mêler la drogue ou l’alcool au jeu. C’est banni chez nous. Ce serait un cocktail explosif et il n’y aurait aucun plaisir là-dedans.»
Créativité
Certaines personnes qui pratiquent le BDSM sont uniquement fétichistes. D’autres, voyeurs ou exhibitionnistes. La relation sexuelle à proprement dit ne fait pas nécessairement partie de l’équation, mentionne Carlotta. L’éventail d’options est large, quasi infini en fait. «C’est impossible de s’ennuyer dans le BDSM, assure-t-elle. Ça stimule constamment la créativité dans le couple. Tant que ça se fait dans le respect de l’autre, c’est positif. C’est un mode de vie pour relever des défis, repousser ses limites. Et dès qu’on sort du personnage, la vie de tous les jours continue.»
De son côté, Boglacier est d’avis que plusieurs personnes se freinent à tenter l’expérience BDSM «par peur du ridicule». «Il faut oser se laisser guider par ses pulsions. J’aide souvent des débutants à le faire. Certains enfilent une couche et mettent une suce dans leur bouche, comme un bébé. D’autres ont du plaisir dans la douleur. Il y a aussi la momification (enrobage corporel complet). Que les gens soient transsexuels ou hétéros, tout le monde se côtoie dans nos soirées. Il n’y a pas de place au jugement. On est constamment en mode découverte.»
D’ailleurs, il suffit de mettre les pieds dans le donjon du couple (scindé en plusieurs stations) pour prendre la mesure de sa passion débridée: une cravache par-ci, une série de fouets par-là. Une table de massage dans un coin, une croix Saint-André dans l’autre. Plutôt déstabilisant pour un néophyte. C’est sans compter les innombrables dispositifs destinés à la suspension corporelle créés de toutes pièces par Boglacier. «Le donjon, c’est une réelle fierté. Il y a énormément d’heures de travail et d’argent investis là-dedans. Quand on va dans une quincaillerie, ça nous allume vraiment. On est comme des enfants dans un magasin de jouets en pensant à ce qu’on pourrait ajouter (au donjon).»
«Le BDSM fait partie de notre ADN maintenant!, lance la dominatrice. On est accros. Ça a changé nos vies.»
source : http://www.lapresse.ca/la-voix-de-lest/actualites/201508/14/01-4892817-un-couple-devoile-la-face-cachee-du-bdsm.php