Prunelle s’ennuie !
Pour la première fois depuis des lustres, tout semble clair. Adieu ennui, désespoir et peur. Prunelle n’autorise en son sein plus qu’un unique sentiment : détermination. Pour la millième fois, elle se repasse dans son esprit ces mots qui lui brûlent désormais les lèvres, comme prêts à prendre vie à chaque instant.
Cela fait maintenant trois ans que la jeune fille partage sa vie avec Pierre. Du haut de ses vingt printemps, une éternité. Pierre. Un soupir lui échappe. Quand elle fait rouler les deux syllabes de son prénom, ce prénom qui la faisait frémir il y a si peu, la nostalgie l’empare. Des souvenirs, des rires, des espoirs, mais surtout un attachement. Ce désir sauvage qui la mettait en émoi aux premiers jours, lui, a disparu, laissant la place à une claire vérité, celle de l’ennui. Pourtant, Pierre, il est mignon – se dit-elle. Mais il y a bien longtemps que celui-ci ne sait plus dompter le cœur de Prunelle, lui faire courir mille lieux en l’espace d’un instant. Oui, elle s’ennuie Prunelle.
Découverte d’un nouvel univers !
C’est de ce sentiment si banal qu’est née une folie. Un germe, une envie irrépressible d’un impossible. Elle ne savait qu’en faire avant cette rencontre imprévue dans un bar de Belleville, quelque mois plus tôt avec Julie. Julie, elle, n’était pas le genre de femme à laisser ses envies flotter au gré des flots. Quand elle souhaite quelque chose, elle le prend. Prunelle avait été tout de suite impressionnée par la grande brune au teint de lait. C’est elle qui l’avait guidé dans la mer devenue insondable de ses envies, obscurcie par l’habitude, troublée par la peur de perdre celui qui lui était si cher. Elle lui avait ouvert les portes de son monde, un univers étrange qui l’avait toujours passionné, celui de ses femmes qui plutôt que de se donner, prenaient.
Depuis quelques mois, elle avait intégré les cercles de Julie et découvert la passion de ces femmes, que l’on décrit vêtue d’un seul noir uniforme et qui pourtant ont mille visages, ceux du quotidien. Sur les sentiers inconnus et escarpés de conventions sociales, son amie l’avait guidé, présenté à ses amies et… ses hommes. Ses esclaves comme elle aime à les appeler. Fascinée par ce nouveau continent aux couleurs et sentiments si inhabituels, Prunelle avait pris sa décision. Elle avait vu dans cette autre vie l’espoir d’une sortie de cette torpeur du quotidien. Conserver son amour, tout en partant à l’aventure.
Le commencement
En ce mardi 1er Mai, elle sait quels mots prononcer, quels gestes esquisser. Lui, Pierre, alors qu’elle franchit le seuil de leur appartement du 14e arrondissement de Paris, ne sait encore rien. Comme à son habitude, il est juché sur le canapé en cuir, près du balcon, plongé dans un roman. Elle pose son sac à main, range son trench coat. Un regard dans le miroir qui lui fait face. Prunelle se fige, se jauge du regard. Puis, s’élance d’un pas décidé vers son aimé, le nœud de tous ces démons qui l’habitent depuis il lui semble tant de temps. Elle s’assied sur le fauteuil en face de lui, un peu plus haute que lui. Il lève la tête vers elle.
– Coucou, mon chéri. Tu vas bien ? Tu lis quoi ?
– Rien de très intéressant. Un polar que Paul m’a conseillé, mais l’enquête patine et le style de l’auteur est vraiment à chiez…
Début de la discussion avec Pierre
Il s’interrompt.
– Mais toi en revanche, tu as l’air en forme, pétillante presque. Qu’est-ce qu’il t’arrive ? Tu fais souvent la tête ces jours-ci.
– Ah tu trouves ? Peut-être. Justement je voudrais bien que l’on discute. – dit-elle d’un ton malicieux.
– Discuter de quoi ? Des vacances ? Je n’ai pas encore eu le temps de regarder, je te préviens !
– Non, non pas des vacances. Ne t’inquiète pas pour ça. Je sais que l’organisation ce n’est pas trop ton truc. Je me débrouille. Si je comptais sur toi on ne partirait jamais !
– Tu exagères !
– Bref, tais-toi.
– Non, mais ça va oh !
– Je t’ai dit de te taire. Pour une fois, fais ce que je te dis. C’est d’autre chose, dont je voulais que l’on parle.
– …
– Tu ne dis plus rien ?
– Bah non tu m’as dit de me taire.
– C’est bien ! Ces derniers temps, je me sens un peu fatiguée, un peu énervée, c’est vrai Je sais, que ça te pèse aussi, mais ce que je voulais te dire, c’est que ça va changer.
– Ah bon, comment ça ? Tu ne veux jamais en parler. C’est nouveau !
– Bon pour être honnête… Je m’ennuie depuis quelques temps. En fait ça fait même un bon moment. Je suis désolée, mais tu y es pour beaucoup. Bon, je sais que l’on dit que la passion ne dure qu’un temps, mais voilà : je voudrais plus quand même.
– Tu veux rompre, c’est ça ?!
– Non, non. Mais j’aimerais bien innover. Tu sais aussi bien que moi, qu’au lit, toi ce n’est pas trop ça.
– Sympa…
– Bon, tu veux que je sois honnête, non ? Tu veux que je sois heureuse ?
– Oui, oui…
Changement de règles dans la vie de couple !
Prunelle avance son fauteuil vers lui, et se met à sa hauteur, comme avec un enfant.
– Oui, je m’ennuie. Mais j’ai toujours des sentiments pour toi, je t’aime toujours. Juste… différemment. Dans ma tête c’est soit te quitter – et ça je n’en ai pas envie – soit trouver autre chose. Et cet autre chose, je pense que je l’ai trouvé. La première chose c’est que… Tu m’écoutes ?
Elle prend le visage de pierre entre ses deux paumes.
– Je voudrais qu’on change un peu les règles ici. J’aimerais bien un peu mener le jeu tu vois ? rien de grave.
– Comment ça, mener le jeu ?
– Eh bien, je pense que si je m’ennuie c’est aussi parce que tu n’écoutes pas vraiment mes envies. Et ça me plairait bien que l’on change un peu les règles.
– Mais qu’est-ce que tu veux dire à la fin ?!
– Tu vois, tu ne m’écoutes déjà plus !
– Bon…
– Écoute, c’est une amie qui m’a parlé de ça… Je me suis dit que ça te motiverait un peu.
Découverte de la cage de chasteté
Prunelle prend le petit écrin qu’elle avait glissé près d’elle.
– Qu’est-ce que c’est ?
– Un jouet. Rien de plus. Mais je pense que ce serait un bon début, et ça m’aiderait vraiment à aller mieux. C’est un peu de piment.
Elle ouvre la mystérieuse boîte, révélant l’étrange appareil rose.
– C’est quoi ce truc ?
– Une cage de chasteté !
– Hein !?
– Oui bon écoute, pour une fois on peut faire ce que je veux non ! Ou tu préfères que l’on s’engueule encore ?
– Non, non…
– Bon le principe, concrètement, c’est que je te mette ce bidule magique sur ton sexe et puis pouf, plus d’érection !
– Euh tu m’expliques ?…
– Bon ça va te sembler un peu curieux, mais j’ai lu que ça pouvait vraiment marcher pour renforcer les couples comme le nôtre. De toute façon, tu me dois bien ça ! Ça te coûte quoi d’essayer ? Pas grand-chose ! Et puis de toute façon, honnêtement pour le peu qu’on s’en sert ces temps-ci…
– Mais moi je m’en sers ! Et puis je fais ce que je veux ! Tu veux quoi ?
– Mais c’est peut-être le problème justement. Je voudrais que tu la porte un temps. Je conserve la clé et quand je suis satisfaite je te libère. On tente ça sur un mois. C’est comme un pari, tu vois ?
– Euh…
– Allez, arrête un peu d’être chiant comme ça. Déshabille-toi.
– T’es sérieuse ?!
– Il faut que je t’aide ?
Pierre accepte de porter la cage de chasteté
Surpris, Pierre obtempère. Le voilà nu face à Prunelle.
– Bon normalement le principe est assez simple. En plus avec ta petite nouille ça va aller vite.
– Eh non mais ça va hein !
– Rho arrête tu es le premier à complexer dessus. Ce n’est pas parce que je ne t’embête pas avec ça que ça change le fait que tu ne sois pas le gars le mieux monté que j’ai vu, tu sais ?
– …
Elle fait mine de découvrir l’appareil dont Julie lui a appris tous les rouages, elle procède d’une main experte. Clic.
– Voilà ! – s’exclame-t-elle d’un ton satisfait. Fière de sa performance.
– Et maintenant on est censé faire quoi ?
– Maintenant tu te rhabilles et je garde la clé.
– Euh, comme ça ?
– Bah oui, comme ça. Allez !
– Et je suis censé garder ça combien de temps ?
– Ça c’est mon affaire. Tu me fais confiance non ? Sinon ça sert à quoi d’être en couple ?!
– Ok, ok… Et maintenant ?
– Maintenant, étape 2 !
– C’est quoi l’étape 2 ?
– Les nouvelles règles.
– Hein ?
– Bon déjà, ta part des responsabilités dans l’appartement va un peu augmenter. En fait, tu vas tout faire. Si je suis satisfaite, on parlera de rouvrir ta petite cage. C’est excitant non ?
– Euh non pas vraiment…
– Arrête ! Je vois que tu essaies de bander.
– Mais arrête ! Non !
Prunelle devient Mademoiselle pour Pierre !
Prunelle rigole, moqueuse.
– Tu vas y prendre goût !
– …
– Bon autre chose, au lit, ça ne va pas, donc maintenant c’est moi d’abord. Et même chose que pour le reste : SI je suis satisfaite, on en parle.
– Non, mais ça va toi…
– Bah oui ça va même très bien, et ça faisait longtemps. Allez, fais-moi plaisir, joue le jeu un peu ! Pour une fois que tu fais quelque chose pour moi. Et je veux que tu m’appelle Mademoiselle au lieu de mon prénom.
– Bizarre… Ok… On peut essayer j’imagine. Si ça te fait plaisir.
La bataille est gagnée. Prunelle sait que l’engrenage est amorcé.
– Tu nous fais à manger ?
– Euh là maintenant comme ça ?
– Bah oui ! Allez. Je mangerais bien une pizza. Tu nous fais ça ?
– Euh… ok.
– Ok quoi ?!
– Oui, Mademoiselle.
Alors que Pierre s’élance vers la cuisine en traînant des pieds, Prunelle laisse mille pensées l’envahir. Un cap a été passé.
—
A bientôt pour la suite, si ce premier jet vous plaît !
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Superbe commencement, vivement la suite !
belle prémisse…hâte de lire la suite