Essai sur la domination (2) et sur la femme dominatrice

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femme dominatrice

 

Suite du texte : Essai sur la domination et sur la femme dominatrice (https://dominamag.com/essai-sur-la-domination)

 

On entendait le bruit sec de la cravache dans tout le salon. La décoration épurée laissait le son s’exprimer à sa guise. Emilie, femme dominatrice, s’acharnait sur Jim depuis une bonne vingtaine de minutes, les coups pleuvaient sans discontinuer et avec une très grande intensité. Jim était à genoux devant Emilie. Il s’accrochait à ses bottes comme à une bouée de sauvetage. Il sentait le sang affluer à chaque nouvelle boursouflure provoquée par l’instrument de torture. Son dos était zébré de longues traces en dégradé de rouge, le sang perlé sur les plus sombres, une véritable œuvre d’art qu’Emilie créait avec passion. Les coups étaient entrecoupés des gémissements et de supplications de Jim.

– Je t’en supplie Milie, arrête, je n’en peux plus.

Sans succès, la fréquence restait inchangée, pire encore, elle s’accentuait.

– Je t’en prie Milie, pourquoi me frappes-tu ?

Cette fois-ci, la complainte avait semble-t’il atteint sa cible, puisque Emilie s’arrêta. Elle s’accroupit auprès de Jim, le remit d’aplomb et le prit dans ses bras, puis lui susurra d’une voix suave.

– Sans raison, parce que je suis cruelle et perverse. Tu ne peux pas savoir le plaisir que je ressens lorsque je malmène ton monde, mais je suis désolée, je suis allée un peu trop loin, j’ai du mal à doser mes coups dans la frénésie de la passion.

Elle lui caressait doucement le dos.

– C’est fini maintenant.

– Pas d…

Jim n’eût pas le temps de finir sa phrase. Emilie le poussa violemment en arrière. Son corps fît un bruit sourd sur le carrelage froid, des bleus muriront tranquillement sur les parties du corps touchées. Jim croisa le regard d’Emilie, celui-ci était noir et sans pitié. La terreur commençait doucement à envahir le monde de Jim. Emilie quant à elle sentait le plaisir monter en flèche vers des sommets rarement atteints. Elle en vacillait presque, la déstabilisation avait marché comme prévue. Le bouquet final était pour bientôt. Elle s’approcha de Jim et lui assena un puissant coup de pied dans les côtes. Elle s’apprêtait à enchainer un deuxième coup quand le mot « Elixir » déchira l’atmosphère. C’était le safe word, mais l’avait-elle vraiment entendu ou n’était-il pas le fruit de son imagination dans l’euphorie ? Son plaisir était à son paroxysme, encore 2 ou 3 coups et elle allait avoir un orgasme d’une puissance phénoménale. Jim était complètement recroquevillé en position fœtale, sanglotant, ça ne faisait qu’accentuer le sentiment de supériorité si cher à Emilie. Elle pouvait le détruire à tout instant mais il fallait qu’elle retrouve la raison. Elle le savait, le safe word avait été bel et bien dit. Détruire Jim lui apporterait un plaisir à court terme mais une infinie tristesse à long terme. Il ne s’en remettrait peut-être jamais et perdrait toute confiance à juste titre. Maintenant, il s’agissait de réparer la mécanique de Jim de le faire remonter à la surface. Ces moment-là étaient toujours critiques. Emilie le savait. Il fallait réconforter Jim sans trop en faire pour que l’usage de safe word ne soit pas abusif. Le but est de repousser les limites, pas de les augmenter.

La raison avait repris le dessus. Emilie changea d’expression. Elle s’agenouilla à côté de Jim, l’aida à se redresser et le serra dans ses bras pour lui faire gouter à l’infini bonheur de sa peau contre la sienne. Il pleurait maintenant.

-Je suis désolé Milie, j’ai échoué.

Cette femme dominatrice lui dit d’une voix chaleureuse et réconfortante

– Ne t’inquiète pas, ce n’est pas grave. Je suis très fière de toi déjà. Ton monde est en parfaite adéquation avec le mien. Il reste juste quelques petits soucis de synchronisation à régler mais rien de bien méchant.

-Je t’ai déçue ?

– Bien sûr que non, nous avons tous des limites, mais nous les repousserons ensemble. Ainsi, nous atteindrons le Nirvana, je te le promets. Sache que je ne te détruirai jamais, je suis toi et tu es moi, aie confiance.

Jim serra Emilie un peu plus fort dans ses bras et continua de pleurer. Ils restèrent ainsi dans le silence pendant plusieurs minutes à profiter du plaisir partagé. La pression retombait à chaque nouvelle larme puis elles finirent par se tarir. La mécanique de Jim redémarrait tranquillement. Maintenant, il suffisait juste de lui redonner confiance en lui et Emilie savait exactement comment s’y prendre. Il était temps de briser le silence.

– J’ai beaucoup transpiré dans mes bottes. En plus, comme une gourde, j’ai oublié de mettre des chaussettes. Tu veux bien t’occuper de mes pieds ?

Un grand sourire traversa le visage de Jim.

– Avec grand plaisir ma délicieuse princesse, mais à une condition

– Laquelle ?

– Que tu ne dises plus jamais que tu es une gourde.

La complicité était revenue. Ils se défirent l’un de l’autre. Emilie s’aperçut que ses avant-bras étaient tachés du sang de Jim.

– Avant cela je vais te désinfecter.

Après un passage dans la salle de bain, Emilie se cala dans le canapé d’angle. Jim alla à ses pieds et commença à lentement la déchausser profitant à fond de chaque seconde. Pour compléter le tableau, Emilie enclencha l’album Kid A de Radiohead. Les premières notes de synthétiseur vibrèrent dans l’atmosphère remplit de vide, « Everything in it’s right place ».

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