D’abord, le décor!
Qu’il m’est agréable de me lever durant le mois de Juin! J’aime sentir ces parfums qui recommencent à envahir la chambre lorsque j’ouvre la fenêtre. Il y a comme une odeur de repas champêtres, de vacances, de balades en forêt, de souvenirs d’enfance, d’activités improvisées…
Je suis de bonne humeur. Sûrement le fait d’avoir bien dormi. C’est plutôt rare. J’ai le sommeil difficile et le réveil empâté d’habitude. Mais, aujourd’hui, j’ai envie de profiter. C’est bon signe.
En effet, cela fait quelques temps que, de manière générale, je vais mieux. Je le sens. Je le sais. J’ai de nouveau envie de sortir, de me mélanger à la foule, de retrouver les saveurs de l’ivresse, en mode sociable. Autant dire que ça va me changer, moi qui ait fidèlement pointé plusieurs années au club des naufragés du Covid. Les dégâts provoqués par les confinements, et leurs conséquences, avaient entre autre rendu l’alcool beaucoup mois appétant. Voire triste. Presque inquiétant. Mais maintenant, j’ai hâte. Oui, j’ai hâte ! Hâte de retrouver des ambiances festives, le bruit et les rires, les effluves et les lumières du soir, ainsi que des sujets plus légers. Les douceurs de la vie reviennent.
Il était temps!
Ma dernière relation, il y a dix ans…
Je sais également que je vais mieux grâce à un autre signe notoire…
Je viens de me réinscrire sur un site de rencontres. Et oui, c’est reparti. J’ai mes phases. Ma vie affective est un long fleuve tranquille parsemée, ça et là, d’échanges qui comptent mais qui ne durent pas. Je ne regrette rien, au contraire. J’ai connu peu d’histoires d’Amour mais elles ont été d’une telle intensité, d’une telle poésie… que je ne peux renier ces inébranlables piliers. Un mélange entre fondations, émerveillement, évidence, envoûtement… Je pense aujourd’hui, avec le recul, que j’ai eu beaucoup de chance. Une chance inouïe. Une amie me l’a d’ailleurs fait remarquer dernièrement :
« Tu te rends compte de ce que je donnerai pour connaître ça…?! », m’a-t-elle jeté au visage, sérieusement irritée de m’entendre pester contre les effets indésirables d’une passion dévorante.
C’est vrai que je m’étais senti nul. J’ai bien compris, pour le coup, qu’il était indécent de râler lorsqu’on a gagné au loto. Et bien évidemment, elle avait raison.
Donc je ne regrette rien. Je ne peux rien regretter. Si ce n’est peut-être une chose… un mauvais timing.
Oui, ces histoires étaient dingues. Toutes ont eu leur lot de magie; une magie significative, exubérante. Surtout la dernière. Un brasier insolent. Elle a pris fin il y a plus de 10 ans et pourtant, j’en porte encore les stigmates. En fait, surtout un, car au beau milieu de tout ça, il y eut une sorte… d’implosion. Quelque chose a jailli. Quelque chose de très profondément enfoui. C’est durant cette histoire que j’ai entamé ce que j’aime appeler aujourd’hui mon « coming-out » d’homme soumis.
… Avec mon « coming-out » d’homme soumis
Là encore, que d’étincelles !! Ma boite noire avait fini par s’ouvrir. J’étais sincèrement amoureux et en plus de cela – ou grâce à cela – une ultime barrière venait de céder. Ma réelle capacité à offrir tout mon être était enfin opérationnelle. A la suite d’autant de passion, c’était l’apothéose. Et quand on voit « qu’Apothéose » signifie étymologiquement « Déification », cela prend tout son sens.
– « apo » (provient de) et « theosis » (Déesse/Dieu/Divin) –
Oui, les Déesses existent. Je le sais maintenant.
Malheureusement, c’est arrivé trop tard. Mauvais timing donc. La vie avait commencé à nous séparer et nous étions déjà engagés sur deux routes bien différentes. Ma véritable nature fraichement dévoilée nous aurait-elle rapprochés si elle avait émergée plus tôt ? Difficile à dire. J’ai tendance à penser que oui, mais qui sait…?
Quel gâchis. Quelle frustration ! Il y avait tant à faire, tant à construire, à explorer ! Un feu d’artifice permanent ; en perspectives… car l’on se dirigeait tout de même irrémédiablement vers la sortie. Que cette vie peut être cocasse parfois…
C’est comme ça.
Ce fut tout de même un magnifique cadeau. Nous nous quitterons en bons termes, nous engageant chacun vers de nouveaux horizons, avec nos savoureux souvenirs sous les bras; et pour ma part, une nouvelle identité en prime.
Nouvellement inscrit sur un site de rencontres
Je disais donc, nouvellement inscrit sur un site de rencontres. Et pas n’importe lequel du coup. Un site mettant à l’honneur la Gynarchie dans toute sa splendeur. Évidemment.
Et bien, par où commencer ? J’ai beaucoup à faire pour me remettre à la page. Ces années d’errance m’ont rendu peu présentable. A priori, y’a du boulot. Suffit de regarder dans la glace. Bon ok. Il va falloir mettre en place un programme pour me rendre à nouveau bon à marier. Je veux dire… bon à ramper. Je veux faire la fierté de ma future Propriétaire. Il ne peut en être autrement. Et en termes de programme, il n’est plus temps de rechigner : sessions de sport quotidiennes, ménage en mode tornade blanche, yoga et méditations en tous genres, plannings, agenda, retro-plannings, on se recale à la compta, donc on oublie plus les tickets de caisse, magasins de parfums, épilation ciblée, crème de jour pour hommes… bref, la totale.
Mais avant toute chose… avant de me lancer corps et âme dans ma réhabilitation, je dois me mettre au clair : Qu’est-ce que je cherche exactement ? Quel homme soumis suis-je en profondeur ? Et comment aborder cette démarche ?
En tant qu’homme soumis, qu’est-ce que j’attends d’une relation?
Ce « coming-out », c’était bien plus qu’un évènement fortuit. Cela faisait plusieurs années que je me posais des questions. En fait, il y eu un déclic (en forme de champignon atomique), un cheminement, et une ligne d’arrivée. Il a maturé bien des nuits, même durant la journée. Puis il s’est stabilisé. Il s’est composé d’une multitude de strates – qui sont autant de révélations. Il dépasse ma simple identité et vient mettre en lien des éléments bien plus grands que ma minuscule personne…
… Déjà!
Donc, j’ai vécu une sorte d’accouchement dans la douleur, et une énorme partie de moi s’est enfin érigée avec pour conclusion évidente : je suis bel et bien un homme soumis.
Ok. Mais allons plus loin. Creusons un peu, quel type d’homme soumis suis-je?
Je suis fétichiste des Géantes. Je crois que c’est une sorte de « terme officiel ». Il est bien générique, mais je m’y suis accommodé. D’aussi loin que je me souvienne, ma libido s’est toujours nourrie de fantasmes où le scénario central consistait à tomber sous le joug d’une Dame, de manière tellement puissante, que je finissais par rétrécir. Au sens propre. Une fois arrivé à une taille réellement convenable (pas plus de quelques centimètres), Elle pouvait alors m’accaparer complètement, comme un vulgaire objet de son quotidien.
Bien sûr, je ne manque pas d’en voir les aspects symboliques. Comment faire autrement ?
Découverte du monde du BDSM
Pourtant… dans mon expérience, c’est très loin d’être un symbole. Je le vis tel quel, de manière tout à fait brute. Ces fantasmes ont toujours été là et je n’en ai jamais connus d’autres. Ils se sont imposés à moi, dès le départ. A l’adolescence, l’appréhension de ma sexualité fut tellement difficile…! J’ai cru longtemps être une tare de la nature, une singularité qui n’avait aucun vis-à-vis. Je viens d’une époque où internet n’était pas accessible et je n’avais donc nulle autre référence que ce qui se tramait en moi-même.
Pourquoi n’étais-je pas comme tout le monde et surtout, pourquoi si différent ?!
J’ai rêvé tellement de fois rapetisser, puis être enfermé dans une chaussure pour être traité comme une semelle… Comment cela pouvait être possible ? Etais-je seulement très… très bizarre ou alors dégénéré ? Ou pire ?! Qu’étais-je en fait ? Ce n’était pas un choix. Ces fantasmes ne sont pas un choix. La découverte du BDSM n’est pas un choix…
C’est comme ça.
Toutefois, la découverte du BDSM… ce jour béni est arrivé. J’ai découvert que je n’étais pas seul. Quel soulagement de réaliser bien plus tard que non seulement, j’avais des confrères, mais aussi des Consœurs. Ce n’est pas tant qu’elles comprenaient. C’était plus que ça. Nous étions fait du même bois. Certes, nous pouvions être Chacune/chacun de part et d’autre de la barrière; les Unes dominant/ les autres étant dominés. Mais nous faisions parti de la même patrie, du même moule. Intrinsèquement complémentaires, nous étions fait pour nous entendre.
En fait… au final… la nature fait extrêmement bien les choses, n’est-il pas ?
Bien plus qu’il n’y paraît !
A suivre