Impossible d’échapper à 50 nuances de Grey, dans lequel Christian Grey et Anastasia Steele se livrent à des pratiques SM (sado-maso). Qu’entend-on exactement par sadomasochisme? Réponses d’experts et témoignages.
Le sadomasochisme, qu’est ce que c’est?
Le sadomasochisme définit des jeux sexuels codifiés et scénarisés entre adultes consentants, où la douleur, la domination et l’humiliation représentent des sources de plaisir. Le SM regroupe une large palette de pratiques allant de la fessée au bondage en passant par des jeux de contraintes ou des brûlures légères.
Néologisme né de la contraction entre les noms du Marquis de Sade et de Leopold von Sacher-Masoch -auteur entre autres de La Vénus à la fourrure-, ce concept est utilisé pour la première fois au XIXe siècle par le psychiatre austro-hongrois Richard von Krafft-Ebing qui le qualifie de « pathologie monstrueuse« .
Au XXe siècle, le médecin et psychologue britannique Havelock Ellis constate toutefois que le sadique ne manifeste aucun intérêt pour la douleur hors du cadre sexuel. Plus tard, Freud considère le sadisme comme la contrepartie du masochisme -qui se définit lui-même comme le fait de trouver son plaisir sexuel dans la douleur physique ou psychique et l’humiliation-, alors que le philosophe Gilles Deleuze estime que les deux ne sont ni opposés ni complémentaires.
Pratiques SM : Un plaisir physique et mental
D’après la psychiatre Christine Barois, « ces pratiques permettent d’explorer notre côté animal et représentent également une forme de transgression. Elles nous permettent de rejouer des épisodes de notre vie, de nous confronter à notre vulnérabilité ou à notre puissance, ce qui peut être un levier d’excitation sexuelle. » En s’infligeant une souffrance physique, le masochiste produit des endorphines, hormones sécrétées en cas d’excitation, de douleur et d’orgasme: « La souffrance se transforme alors en plaisir et fait du bien. » Le SM peut procurer un plaisir à la fois corporel et mental, notamment pour le sadique ou dominant.
Maîtresse Athéna a créé un blog qui relate ses expériences avec des hommes qu’elle domine sexuellement. Mariée à un homme avec lequel elle a une sexualité « classique », elle trouve dans ces jeux un plaisir cérébral: « Le SM m’apporte beaucoup d’excitation mentale et des sensations très fortes. Je n’ai aucun rapport sexuel avec mes soumis, tout est fondé sur le jeu et la stimulation psychologique. »
Pour le psychiatre Nicolas Neveux, « le SM reste sain tant que les individus s’en servent pour pimenter leur sexualité déjà satisfaisante et non pour combler un manque. Il s’agit d’un duel de forces, qui produit une excitation et du plaisir. La jouissance réside alors dans le contrôle ou la perte de contrôle. »
Minou, 60 ans, soumis depuis plus de vingt ans, souligne la différence entre discipline et la brutalité: « J’aime le mystère et la contrainte, mais sans violence! Cela me donne la possibilité d’expérimenter des plaisirs différents et de sortir d’une sexualité banale. »
L’importance des limites
Les limites peuvent être dépassées quand la recherche du plaisir n’est plus le premier objectif poursuivi. « Par exemple, si on en profite pour se venger, ou si le masochiste n’a pas conscience de ses propres limites et peut tenter des choses qui vont le mettre physiquement en danger », déclare Nicolas Neveux.
Il souligne l’importance d’un « safe word », ou mot clé, choisi en amont par les deux partenaires, qui, une fois prononcé par l’un d’entre eux, met fin au jeu instantanément: « C’est un garde-fou, une manière de poser un cadre et de tout interrompre si le jeu va trop loin. »
Le partenaire adéquat sera une personne de confiance, « suffisamment adulte pour respecter les règles fixées, ne pas déborder du cadre et surtout consciente que le but est le plaisir mutuel. »
Une source d’épanouissement
Pour certaines personnes, ces pratiques font office de consolidateur de couple. Marie Séverine, 46 ans, a lancé un blog qui réunit les témoignages d’un groupe de femmes qui dominent leur mari: « Les pratiques SM peuvent permettre de renforcer et d’apaiser les deux partenaires en relançant leur sexualité et en désamorçant les disputes. »
Maîtresse Athéna, quant à elle, y trouve une source d’épanouissement: « J’ai découvert d’autres plaisirs qui permettent d’être bien dans sa peau tout en conservant de l’humour et de la légèreté. »
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