19h00, j’y suis! Il fait presque nuit et je me repasse ses instructions dans la tête. Ma Maîtresse domina a été bien précise. Je dois me rendre à l’adresse à laquelle je vais enfin la retrouver, pouvoir entendre sa voix, me livrer à elle. Le taxi s’arrête dans une rue devant un immeuble.
- Voilà monsieur, le 32… ça vous fera 15 euros.
Je règle, remercie mon conducteur et m’extirpe de la voiture. Après avoir franchi la porte de l’immeuble, je m’engouffre dans le petit ascenseur au fond du couloir et j’arrive enfin devant la porte de son appartement. Je sonne, la porte s’ouvre et me voilà face à celle qui sera durant les prochaines heures ma toute puissante Maîtresse, celle que je devrai satisfaire pleinement et sans retenue, celle devant qui tous les tabous que je peux encore avoir devront disparaître. Elle me sourit, me scrute de haut en bas et brise enfin le silence:
- Bienvenue chez ta Maîtresse, entre!
Enfin, la rencontre avec ma Maîtresse domina!
Au fond du couloir, l’entrée de ce qui me semble être le salon est cachée par un voile de mousseline bordeaux ne laissant transparaitre que la lueur des bougies ça et là à l’intérieur. Ecartant le rideau d’une main et avec toujours le même sourire aimable elle me dit:
- Entre!
Obéissant, je franchis l’entrée du salon, je me dirige vers le centre de la pièce et j’attends timidement la suite des évènements. La pièce n’est ni trop grande, ni trop petite. Le marron du canapé en velours situé en face de moi et des meubles en bois massif font un parfait mariage avec le rouge foncé des tapis et des rideaux. La lumière tamisée des lampes et des photophores habilement disposés donnent à la pièce une ambiance chaleureuse et feutrée qui, curieusement réveille petit à petit ma libido. Le léger parfum d’intérieur qui flotte dans l’air et la musique de fond viennent compléter ce cadre enivrant.
Sur la table, sont posés un seau à champagne en métal blanc duquel dépasse le goulot d’une bouteille et une flûte à moitié remplie. Sans un mot, ma Maîtresse s’avance vers le canapé et prend la coupe de champagne au passage. Ensuite, elle s’assoit et croise les jambes me faisant ainsi découvrir les magnifiques escarpins noirs qu’elle porte. Ces mêmes escarpins que, sans aucun doute, je verrai de très près dans quelques instants.
« Bible et rituel de soumission »
Nos échanges avant notre rencontre n’ont pas été très longs mais nous avons eu suffisamment de temps pour nous connaître, connaître nos goût mutuels de manière générale et ses attentes plus particulièrement. Celle que j’appelle aujourd’hui Maîtresse est une personne très organisée. De part son expérience, c’est quelqu’un qui aime bien gérer une situation, la diriger. Elle m’a dit un jour « j’aime que les choses soient faites à ma manière ».
Ordonnée et très cartésienne, elle a, pour donner plus de réalisme à notre jeu virtuel, créé une sorte de monde parallèle, une légende dans laquelle elle tient le rôle de Maîtresse absolue, une impératrice des temps anciens, régnant avec sévérité et justice sur un peuple imaginaire. Une seule personne est, néanmoins, réelle dans tout ce monde rêvé, son soumis personnel, moi. C’est ainsi qu’elle a élaboré une série de documents qu’elle m’a fait parvenir tout en m’expliquant qu’ils sont destinés à mon initiation. N’étant pas très porté sur la soumission virtuelle, j’ai consenti malgré ça à me prêter à ce jeu tant elle s’est donnée du mal à créer cet univers.
Ainsi, le Grand Livre est devenu la base de cette relation qui nous unit. Cette « Constitution » de plusieurs pages qu’elle a rédigée petit à petit réunit tous les commandements, rituels et obligations du soumis que je suis. Elle est devenue donc la bible de ma soumission. J’y trouve toutes les directives à suivre pour satisfaire ma Maîtresse domina et éviter les punitions qu’elle pourrait m’administrer si je manquais à mes devoirs.
Afin d’ « officialiser » mon appartenance à ma Maîtresse domina, elle a également créé ce qu’elle a appelé « Le Rituel de Soumission ». Celui-ci avait la vocation, le jour où je la rencontrerais, de lui démontrer physiquement ma soumission et me plier à sa volonté.
Prosterné aux pieds de ma Maîtresse domina
Elle avale la dernière gorgée de son verre, le pose sur la table basse placée devant le canapé et me dit d’une voix calme et basse:
- Bon, il me semble que le moment est arrivé de voir ce que tu vaux et comment tu peux satisfaire ta Maîtresse.
Cette phrase aussi douce que décisive me sort de mon petit rêve et me rappelle brusquement la raison de ma présence ici. Je suis là avant tout pour me soumettre à ma Maîtresse, pour lui plaire, pour qu’elle soit fière de moi. Enfin, j’en suis profondément convaincu et je vais le lui prouver.
Je m’avance doucement et, me place à moins d’un mètre devant elle. L’homme fier et rebelle que je suis a laissé la place à la toute puissance de cette Maîtresse domina qui, aussi humaine qu’elle puisse être semble m’avoir possédé. Mes yeux qui à maintes reprises me permettent de défier les gens, se refusent de croiser les siens. Tremblant, le cœur battant et sans prononcer le moindre mot, je plie le premier genou qui touche le sol, puis le deuxième. Je marque un temps et, tête baissée, je continue mon « rituel de soumission ».
Mes mains touchent à présent le sol de part et d’autre de ses pieds. Je sens la texture moelleuse du tapis rouge. Je ferme alors les yeux, plie mes coudes et je finis par me retrouver prosterné devant elle.
- Votre soumis se prosterne à vos pieds Maîtresse pour se soumettre à vos désirs. Il vous implore de l’accepter en tant que tel et de lui enseigner à être un bon soumis.
Cette phrase que j’aie lue maintes fois est gravée dans ma mémoire comme dans du marbre, a presque fini par perdre de son importance. Cependant, les mots que je m’entends prononcer à ce moment me semblent, et particulièrement dans la position dans laquelle je me trouve, retrouver toute leur force, toute leur signification, toute leur portée.
Pose de mon collier d’appartenance
Je reste là, prosterné, les yeux fermés. Les secondes me paraissent interminables et de nouvelles pensées m’envahissent: « A quoi pense-t-elle? Prend-elle un malin plaisir à faire durer cette mise en scène, à me regarder ramper à ses pieds du haut de son canapé? Mon pauvre, ne te sens-tu pas comme un moins que rien humilié de la sorte?… »
Je n’ai pas le temps de trouver la réponse à une seule de mes questions qu’elle vient de nouveau me sortir de mes pensées.
- Bien, tu peux relever la tête maintenant!
J’ouvre les yeux, découvrant que mon visage ne se trouve qu’à quelques centimètres de ses escarpins. Dans un calme quasi religieux, je me remets à genoux, toujours incapable de la regarder en face. A l’écoute du petit cliquetis de ce qui me semble être la sangle de mon collier, j’incline ma tête. Mon cou et ma nuque sont, ainsi, offerts à ce collier de cuir noir que ma Maîtresse m’installe et qui va venir conclure ce rituel et faire de moi enfin ce que j’ai toujours voulu être: un soumis docile et obéissant.
Au bruit du mousqueton de la laisse se refermant sur l’anneau de mon collier, je prends délicatement sa main et y pose, doucement, mes lèvres pour y imprimer un baiser de reconnaissance. C’est la première fois depuis que je connais cette femme qu’un contact physique s’établit entre nous, la première fois que je touche sa peau, une partie d’Elle… Un frémissement me traverse tout le corps! Ce n’est qu’en me faisant force qu’après le troisième baiser, je peux relâcher cette main. Cette même main qui, indubitablement, viendra plus tard, faire claquer une rutilante cravache de cuir noir sur mes fesses nues, me rappelant mes erreurs et me punissant sans retenue… »